La disparition de Camille PAVIOT secoue le football martiniquais et osons le dire peut-être le sport martiniquais plus largement. Pour comprendre cet impact, il convient de revenir sur la situation de son club de cœur, le Club Franciscain, quand il en prend la Présidence.
Jusqu’alors, le Club Franciscain était un pensionnaire de l’élite parmi les autres. Sympathique par le jeu pratiqué, reconnu par quelques titres, mais sans plus. Souvent placé en championnat mais jamais gagnant, hormis à l’issue d’une saison controversée en 1970. En 1991, le François traversait une crise interne qui conduit à ce qu’il soit sollicité et qu’il accepte. Rappelons qu’il fut joueur de l’équipe. Il connaissait le jeu et avait le bon œil.
Son premier coup fut de s’inspirer d’une pratique déjà usitée ailleurs, recruter les meilleurs. Mais en homme de projet, secrétaire général de Mairie dans le civil, il chercha à bâtir, à structurer. C’est ainsi que Jocelyn GERME, champion quelques années avant avec l’inconnue US Marinoise fut chargé de la partie technique, avec Camille PAVIOT tout tout près, à construire, améliorer et enrichir. La méthode était simple, approcher les joueurs et les intéresser socialement mais aussi financièrement. Après Jocelyn GERME, Camille PAVIOT ne contactera que le haut du panier des entraîneurs martiniquais avec notamment Louis MARIANNE ou Louis PERCIN.
Nous l’avons dit ; d’autres avant lui s’y sont essayés mais lui, a tout amélioré. Les critiques furent nombreuses : débauchage, mercenariat, la méthode PAVIOT choquait, heurtait mais réussissait avec plus de 20 titres en autant d’années. Citons pèle mêle HONORE, SOPHIE, MODESTIN, PERCIN, BORVAL, RANO, EMICA, TINMAR, ZAIRE, LINA…la liste serait longue. Ajoutons-y Raymond DIJON qui lui n’a pas pu jouer. Pour faire simple, disons qu’en dehors de Thierry FONDELOT et Muriel VALIDE, les principaux joueurs martiniquais ont évolué au François qui a même vu arriver Jean-Claude FERMELY de la Guadeloupe. Ajoutez à ceux-là l’existant, LAGIER, NERJEAT, et les fruits de la formation franciscaine, Paul-Henri CLORUS, Charles-Edouard CORIDON pour n’en retenir que deux et vous obtiendrez la plus fameuse armada qu’ait connu le football martiniquais.
Faisant fi des critiques, Camille PAVIOT atteignit son objectif, faire du Club Franciscain le club le plus titré de Martinique. Il y eu certes des démêlés extra sportifs, avec la Justice mais aussi avec au moins un joueur mais qu’importe, le temps n’efface-t-il pas tout ?
Camille PAVIOT put également constater que son procédé si décrié était repris çà et là , mais avec moins de réussite, en tout cas, dans le temps. Qui aujourd’hui peut se targuer de ne pas s’en inspirer ? Ou plutôt, qui, avec les mêmes moyens aurait fait autrement ?
Roger Alger
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